Fin du chapitre de Pointe-Claire: Edouard Dagenais et Madeleine (Mado) Tremblay-Allard – les catalyseurs

Édouard Dagenais:M Dagenais a été le tavernier du village de Pointe-Claire, celle qui existe toujours et qui est à côté de l’endroit où était l’hôtel de ville avant qu’il ne passe au feu. Il est devenu mon client à la pharmacie dès son ouverture.

Pour lui, la nouvelle pharmacie représentait un signe, celui du début de la revitalisation du village. À une époque il y avait eu deux pharmacies dans le village et la dernière avait fermée ses portes 7 ans avant notre ouverture à Nathalie et moi.

M Dagenais avait eu un accident de voiture qui lui avait déformé le corps et il devait prendre de très fortes doses d’analgésiques pour contrôler sa douleur. Pourtant, il venait à tous les dimanches quand je travaillais et il s’asseoyait dans un des deux bureaux de consultation pour me faire la jasette.

C’est comme ça que j’ai appris que cet homme avait tenu à bout de bras un chapelet d’activités dans le village pour attirer la clientèle de partout dans les années 60 et 70. De la cariole qui tirait le père Noël avec un cheval et qui promenait les enfants jusqu’aux textes des cantiques qu’il faisait chanter à des chorales, en passant par des concours de toutes sortes.

Quand l’épicerie du village a fermée ses portes pour la première fois, il est venu, comme à l’habitude, à la pharmacie mais cette fois, fâché, il est resté presque trois heures. Et avant de partir, il m’a lancé «Mais qui va se lever pour le village ?»

C’est à partir de ce moment que je me suis mis à réfléchir sur le futur du village et de la place que je devais y occuper.La photo montre M Dagenais avec son habituel chapeau le soir de l’ouverture officielle de l’épicerie. À ses yeux, j’avais relevé le défi qu’il m’avait lancé.

Avant l’ouverture de l’épicerie, M Dagenais avait emménagé dans sa nouvelle demeure, une résidence haut de gamme, à l’extérieur du rayon de nos activités, où les services de pharmacie étaient centralisés et j’avais reçu l’appel de la pharmacie pour y transférer son dossier. Quand la nouvelle est arrivée aux oreilles de M Dagenais, il avait piqué une colère et nous avons donc continué à le servir. «Mon pharmacien est Roger Simard, du village de Pointe-Claire et il le sera jusqu’à ma mort!» qu’il leur avait dit.

Peu de temps après l’ouverture, M Dagenais nous a quitté et à la demande de sa famille, j’ai prononcé l’oraison funèbre à l’église de Pointe-Claire. J’ai terminé en répondant à sa question. «Je me suis levé M. Dagenais».

Mado est cette dame de 89 ans dont M. Claude Deschenes fait mention dans son reportage sur la murale de l’épicerie du village. Une petite bonne femme au dos courbé à l’oeil et l’intelligence vives et qui était une cliente assidue et une grande femme.

Quand elle venait à la pharmacie et que Geneviève y travaillait, elle lui disait de ne pas s’inquiéter, qu’elle ne me volerait pas à elle ?

C’est la vue de cette grande dame, avec son petit chariot à deux roues et qui partait à pied, de son logement de la rue St-Joachim, pour aller faire son épicerie qui m’a convaincu qu’il fallait absolument que l’épicerie revive.

Quand Marie-Chantale et Nathalie de Murale Création sont venues à Pointe-Claire la première fois pour planifier les travaux de la murale de l’épicerie, il m’a fallu prendre une décision sur la présence ou non de gens toujours vivants sur la murale. Et c’est sans hésitation que j’en ai conclu qu’elle serait la seule qu’on pourrait reconnaître.

J’ai pris des photos avec Lili Avril et Geneviėve Lapointe et Mado pour que Marie-Chantal et Nathaly puissent l’immortaliser.Le soir de l’ouverture, c’est Mado qui a coupé le ruban de «son» épicerie. Ses filles l’avaient aidé à choisir sa robe pour l’occasion et elle n’était pas peu fière de montrer l’épicerie à tous.»

Merci M. Roger» comme elle m’appelait sont les mots qui résonneront pour toujours de cette soirée inoubliable.

À bientôt ma chère Mado! xxx