« Dans sa critique en 2018 du livre de Jeff Goodell The Water Will Come (2017), Meehan Crist note l’observation de Goodell selon laquelle l’esprit humain n’est pas configuré pour prendre des décisions concernant des menaces à peine perceptibles qui s’accélèrent progressivement avec le temps. Elle compare notre difficulté à accepter la « perte ambiguë » que la crise climatique apportera aux « cinq étapes du deuil » identifiées par la psychiatre suisse Elisabeth Kübler-Ross – déni, colère, négociation, dépression et acceptation : quand il s’agit de changement climatique, dit Crist, de nombreuses personnes sont encore aux prises avec la première ou la deuxième étape. « Perte ambiguë » est un terme que les psychiatres utilisent pour décrire le deuil qui suit un processus sans fin. Des familles de soldats portés disparus, par exemple, pleurent une personne physiquement absente tout en restant psychologiquement présente. Avec la maladie d’Alzheimer, c’est l’inverse, la personne est physiquement présente mais psychologiquement absente : »

Aon